vendredi 16 septembre 2011

Expérience photographique, situation

Marc Augé, Journal d'un SDF. Ethnofiction (janvier 2011).
p. 68 : "Dans le 15ème, dans mon trou du 15ème, c'est différent : je mets en place des habitudes, des liens sociaux dérisoires mais essentiels : loin de toute nostalgie, j'invente des personnages et des situations qui m'aident à baliser le quotidien [le boucher, la boulangère, les patrons du Rendez-vous des Amis]. Je suis comme au théâtre, mais à la fois acteur et spectateur."
Laisser faire les situations, y être comme photographe c'est à la fois être photographe et y être. Laisser ça se faire, en approcher, en pratiquer l'étonnement. En traverser les états critiques, passer le corps à ces fissures, ces lignes de fuite.
Le théâtre comme pratique de la situation.

Happée avec puissance par cette lecture. Quel manque d'imagination politique radical fait que je suis happée, ahurie de cet plan aveugle. Augé aussi se donne l'exercice de cette imagination politique à faire. Avec ses maladresses d'écriture qui sont rendues complètement insignifiantes. (Similaire, La Centrale, E. Filhol. Depuis loin et maintenant culturellement digéré, Sans toit ni loi, A. Varda.)

jeudi 8 septembre 2011

dimanche 22 mai 2011

Louise Michel

Je note aussi, en farfouillant, de fil en fil : 5 rue des Cloÿs, externat acheté par la mère de Louise Michel en 1865. 26 rue du Mont Cenis, école dont elle est la directrice en 1871.
Le 45 Boulevard Ornano est son adresse au retour de déportation, et jusqu'à la mort de sa mère, 1880-1885.

Paris révolutionnaire indique :

Boulevard Ornano :

Quartier : Clignancourt - Porte de Clignancourt - Arrondissement : 18 - Lieu : Atelier de confection/Coopérative ouvrière - Personnages : Sophie Poirier, née Doctrinal - Événements : Atelier coopératif pour la confection des vareuses de la Garde nationale - Date : 1870

Quartier : Clignancourt - Porte de Clignancourt - Arrondissement : 18 - Lieu : Barricade du boulevard Ornano - Personnages : Napoléon Gaillard (cordonnier, président de la Commission des barricades)/Rossel - Événements : Une des 18 barricades fortifiées avec canons de la Commune - Date : 12 avril 1871

43 rue Simplon
















Je me mets à chercher ces zones de peuple (Démosphère), qui se déroule dans les rencontres du Boulevard, dans l'épaisseur de l'histoire, Louise Michel, Voix des Nègres, etc. Le 28 mai au Mur des Fédérés peut-être.
Ce que ce n'est pas (par la distinction d'avec, on approche) : une recherche du disparu, des traces, du souvenir. Mais bien le boulevard gens d'ici. Ce qui a lieu. Se passe. Le très-lâche de ça, qui comprend - flottant avec le vague le léger de l'inconnu beaucoup écrit par Louise Michel - les passages de l'histoire dans l'air de, dans les parcours de. Des choses qui traversent, qui font les corps d'ici.

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what

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chez moi ici
















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Pourquoi j'ai envie de raconter ça. Le faire passer entier, par le menu. Les pas de. C'est le parcours qui est photographique, peut-être. Le fait que "je".

récit

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Ce qui se passe quand. Un appareil est transporté, avec un photographe attaché nécessairement, dans le nexus de la ville/temps. Je pars en équipée pour le 43 de la rue Simplon, ayant noté d'autres ramifications du Boulevard (beyond CSP Baudelique) : locaux de La Voix des Nègres (1927) puis La Race Nègre (1927-1931). Envie d'y aller planter le corps et l'appareil. Et me demander.

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gens de confédération
















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Je me retrouve souvent avec ces aplats, comme blocs. Peuple plastique. Alors même que je suis dans le Canon, dont ce n'est pas le vocabulaire.

comment on parle

mercredi 13 avril 2011

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Essayer de faire quelque chose avec ça. Toujours les difficultés posées par le Canon.

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corps photographiques

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Quelque chose, déjà déterminé, vers le vide entre, et les latences. N'empêche.

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Les pratiques publiques des gens. Comme ils se montrent, occupent, viennent se placer, dans "l'espace public". Les coups de menton de la revendication (une fermeté de l'identité, mise en avant, pro-), les festivités d'entrer en rôle politique, théâtre. Les socialités militantes, qu'on apprend en situation.
Les flous de la contenance, ces temps de transition, voilà, entre privé et politique.
(Les émotions, aussi, de la manifestation : cf. le mouvement "Je ne veux plus rentrer chez moi".

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Il y a quelque chose, photographiquement, des corps. Non seulement de l'assemblage des corps entre eux, se redistribuant dans un collectif - passionnant. Mais aussi : une chorégraphie que l'attention photographique prend avec une émotion, qui semble relever d'une forme d'intimité.

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Do love this. Le biais très en crête.
Aussi : ce que fait comprendre, ce que prend ensemble, une photo, distinct de ce que pourra être une photo retravaillée, les ébauches techniquement remplies, développées. N'importe. c'est la découverte qui.

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Puis la publication. Ce n'est que là que je commence à voir. Et c'est immédiatement engagé. Aveuglement avant.

ça commence

Les photos, recueillies au retour d'une sortie d'entrée, invisibles, étrangères, faceless. Puis ça attache, assez vite. Aimante. C'est ça, ça, ça. ça s'ouvre, ça devient regardable. ça commence. Après l'expérience un peu nauséeuse, aventureuse, du flottant, de on ne sait pas. : qu'est-ce qu'il y a à voir ici? Qu'est-ce-que-je-fous-là. QQJFL. Entre l'hystérie d'y chercher quelque chose (my god il n'y a rien? je n'y suis pas? ça file de partout?), et le blanc du ici maintenant qui est rarement heureux. On photographie à l'aveugle, on essaie d'éviter les choses déjà vues. On essaie tous les courants, on les sent rares. On sent qu'on force, qu'il y a ce plan de concern, qu'il ne faudrait pas forcer. Puis c'est ce plan qui devient dépassé, qui s'évanouit et ses nervosités et il se passe quelque chose, qui se déroule, s'ouvre, lentement, après la photo. Quand elle va commencer.

Avec les impasses aussi, rapidement apparues ; les chemins vites bouchés.

ça commence : vers les blocs. Vers le peu que.
Mode éthique du : ce qui suffit, pour que. Ou à peine suffisant, au seuil même de quelque chose et de rien, poussière, fffwit.

vendredi 4 février 2011

Ce qu'on ne voit pas d'Egypte

Je suis plongée dans l'étonnement de Lens. Où je me trouve capable à prendre le travail du photojournalisme, sans doute parce qu'il est rendu à un silence, à un rythme, détaché de celui du journal, et où je retrouve le temps des backwaters où je sais évoluer.
Découvertes immenses, régulières, ces visibilités, ces langages. Les significations, et comment elles fonctionnent ; des répertoires déjà articulés, une culture de la lecture médiatique, mais aussi des frayages, ou des tangentes.

Mais : une fringale, quand même. Parfois accrochée à des piques d'attention : cette femme assise sur un tabouret de fortune juste derrière un front de barricades derrière la Place Tahir, assurant un approvisionnement d'eau. Prise tenant une plaque de carton sur la tête, l'air en défense. Mais assise, installée, plantée là.
Quelques femmes, quelques images de femmes. La fringale pourrait commencer par là.
Mais aussi : aveugle sur tant et tant que je voudrais voir. Tout ce qui ne me donne rien à voir, où du déjà vu, où le photojournalisme est moins une photographie.

mercredi 26 janvier 2011

Photo, histoire, présent, ici

Découverte idiote - retours de bêtise : que la photo, photojournalisme. Existe, fait un travail quotidien organisé, structuré par des professions, des cultures et des organisations économiques. A des formations, et des histoires. Des systèmes de valorisation sociales : la publication, les Prix, le droit d'auteur/copyright, etc.
Je "découvre", en suivant Lens. Chaque fois absorbée, apprenant beaucoup (à la façon obtuse du regard, qui mouline lentement, ou avec accélérations, mais avec ces énergies inarticulées, à articuler), tombant dans les images comme dans des abîmes de savoir, du présent.
"Découverte" ici est donc le mot qui marque une marque ; un coup de l'attention, de la "réflexion", du journal photographique. Un temps, comme brought up sharp. Mobilisation.

Comme rien dans le discours public médiatique, la photographie m'est immédiate. Par le singulier-peuple qu'elle effectue chaque fois, par où seulement je sais commencer. Ayant commencé le politique par Woolf : par le seul point sensible de l'expérience sociale, cet ombilic quotidien, "sentiment sociologique" (au sens du "sentiment linguistique" de Saussure). Ayant forcé, à grands efforts, et décennies, un chemin jusqu'à la possibilité de lire un journal (presque - ce sera toujours une limite, zone test, et zone de critique donc, que je prends comme telle), ou de suivre les "nouvelles", une "actualité" des "sociétés".

lundi 17 janvier 2011

Tunisie

Tunisie.
Lens, découvert sur la découverte de P.H., en donne des coups. "Photojournalism".
France 2, par exemple, en donne des séquences. Impressionnant, événement. (Je pense au travail de M. Riot-Sarcey sur l'événement historique. La complexité anthropologique de ce laboratoire politique, cet exercice politique des sociétés. A, éventuellement, Zizek et Badiou, et Deleuze. Simplement : que l'événement soit possible. L'événement ça arrive. -- Ces possibilités, conceptuelles sur lesquelles on peut s'appuyer pour poser des différentiels, poser les pas pour faire un chemin dans ce présent).

"Le peuple". Et le travail du commentaire. Celui, particulier, part effective de l'histoire à son propre titre, du commentaire étranger. Europe, France, sur l'Afrique du nord, très situé. "Les milices", "les pillages", "l'anarchie". Well duh. Faut-il cet exercice du commentaire... (oui, il le faut. Il est.)
La note ici : que la télévision arrive à saisir et diffuser des séquences si proches. Messieurs tunisiens, parlant ce français connu, familier, dans les rues. Le très-proche de ce qui se passe dans cette rue, cette rue. Les pas savoir ("on sait rien, on sait rien"). Les essais de positionnement : attitudes au "gourdin" (le mot des journalistes, repris, ces fils qui sont dans le discours, et qui se forment, se font une culture immédiate, locale), au couteau, à la barricade. Les mouvements éclatés, éparpillés, des courses dans la rue, détalent, des exclamations des corps, des groupements très mobiles, des voix en interjection, des souffles qu'on entend dans les voix. Des regards et attractions sur ces pôles instantanés que sont une caméra de télévision, un micro. Très intégrés dans la scène, le moment, tout politique (et tout dérisoire - ce rien du tout où consiste une "révolution" - autre mot qui forme, est en train de former, on a déjà marqué "révolution de jasmin", "du jasmin", c'est encore mobile).

Les images : ces jeunes hommes tout minces de jeunesse, d'autres qui parlent articulé (c'est que le travail politique, discursif, a déjà été entamé, largement, "nouvelles technologie", Facebook) et la langue pleine d'accents ("le peuple"), les vêtements sans couleur de l'hiver dans le sud, la matérialité de l'histoire.

God, et Baby Doc de retour à Haïti.